La fortune des Médicis (French Edition) by Jean-Yves Boriaud

La fortune des Médicis (French Edition) by Jean-Yves Boriaud

Auteur:Jean-Yves Boriaud [BORIAUD, Jean-Yves]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Place des éditeurs
Publié: 2019-09-18T22:00:00+00:00


Cosme et ses artistes : deux peintres et un architecte

Mais rien n’aurait été possible de cette « révolution » médicéenne sans, à Florence, un aréopage d’artistes assez compétents pour faire passer les images de ce nouveau monde, aussi idéales fussent-elles, dans la matière. Regroupés dans la compagnie de San Luca, les artistes donnaient le sentiment de « fourmiller » à Florence. Au point que Vasari, dans sa Vie du peintre Pérugin, fait dire à son vieux maître que s’il est bien des raisons à cette foisonnante abondance de talents dans la ville (le goût passionné des habitants pour l’art, accompagné d’un sens aigu de la critique, ainsi que la haute idée que les artistes y avaient d’eux-mêmes) la principale était la taille de la Toscane, trop exiguë pour donner du travail à tous. Vu la rudesse de l’émulation ambiante, les artistes « médicéens », représentants de l’air du temps, durent d’ailleurs au soutien sans faille de Cosme de réussir à s’insérer dans le paysage artistique local. Confréries et corporations y étaient en effet attachées, pour leurs pieuses fondations, à des figurations traditionnelles de leurs saints tutélaires ou de tel ou tel moment privilégié de l’Histoire sainte. Et, même si ces confréries s’ouvraient peu à peu aux thèmes humanistes dans les orationes (discours-prêches) qui s’y prononçaient, l’ambiance culturelle dans laquelle on y baignait était fort conservatrice. Cosme imposa donc « ses » peintres en privilégiant les commandes à un nombre réduit d’artistes de grand talent, souvent devenus d’ailleurs ses amis.

Parmi eux, le peintre (Fra) Filippo Lippi, étrange moine que Cosme eut le grand mérite de repérer, en dépit de ses dangereuses frasques. Avec lui, la protection de Cosme fut loin de se limiter à un soutien économique. En 1421, le tout jeune (quinze ans) Filippo avait été placé au couvent des Carmes, dans l’Oltrarno, où il avait dû prononcer ses vœux. Là, au moins, il avait pu s’imprégner du travail de deux grands, Masaccio et Masolino, à la chapelle Brancacci17, mais, au bout de dix ans, il dut quitter le monastère, visiblement en froid avec l’institution ecclésiastique qui lui retira les bénéfices dont il jouissait. Indulgents, les Médicis, en 1438, prirent à leur service ce garçon un peu remuant que l’Église n’aimait pas. Ce fut un bon investissement, puisque Cosme et son fils Pierre (que l’on dira « le Goutteux ») le firent abondamment travailler. Ils ne purent toutefois lui éviter l’estrapade, pour une sombre affaire de commande payée et non exécutée, mais à peine tiré de ses embarras il se lança pour leur compte dans une vaste entreprise, les fresques de saint Étienne et saint Jean-Baptiste de la cathédrale de Prato, qui lui prirent treize ans. Entre-temps, apparemment en meilleurs termes avec l’Église, il avait été nommé au poste enviable de chapelain de cette même ville de Prato. Mais le naturel ne tarda pas à revenir et, en 1441, il y enleva en pleine procession une nonne du monastère Sainte-Catherine, Lucrezia Buti, dont il avait appris qu’elle était enceinte de



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